Tandis que les drapeaux sont repliés, la correspondance classée aux archives, et les films renvoyés à leurs auteurs, que l'on veuille bien nous permettre, alors que l'heure du bilan approche, de parler du Festival international de cinéma de Nyon. en pensant à son avenir.
Festival secret pour certains, par manque de publicité, festival boudé pour d'autres (et les Nyonnais étaient du nombre) par manque de curiosité, ou tribune pour certains dont les intérêts civiques se croisent étrangement aux intérêts d'un festival de cinéma : peu importe pour cette année, l'essentiel est que Ie festival ait eu lieu et que ceux qui ont pris la peine de s'y déranger ont eu l'occasion d'y voir et d'y entendre quelque chose de « valable ». Des choses ont été dites, une table ronde entière consacrée à l'avenir du festival où l'on aperçut des tètes familières du cinéma suisse : Freddy Buache, Claude Champion, Freddy Landry, Walter Marti, Yves Yersin parmi d'autres. Leur présence garantit-elle l'avenir du festival ? Disons plutôt qu'elle permet de l'entrevoir à la condition du tout remettre en cause. L'heure de l'autosatisfaction est encore loin pour les organisateurs.
Confirmation a été donnée que la formule du festival pourrait devenir, si elle était approfondie, une originalité et répondre ainsi à des besoins réels : festival de courts et de moyens métrages, pour certains limités au 16 mm., présentant hors-compétition des films dits communément de production parallèle, c'est-à-dire ces films que nos distributeurs ignorent, festival où une partie du programme est réservée à la production d'un pays (cette année le cinéma belge), ou à un sujet (pour cette fois l'Extrême-Orient et la contestation estudiantine), enfin discussion et tables rondes en marge des projections : tout cela constitue un ensemble cohérent et bien caractéristique.
En revanche, ce qui n'a pas été dit ou prononcé seulement en filigrane est l'originalité de l'organisation de ce festival. Son comité de direction, élu par une assemblée publique d'amis du festival, est composé exclusivement de personnalités du monde des affaires, de professeurs, en un mot de personnes qui n'ont pour le cinéma que l'intérêt d'un spectateur et qui donnent à ce festival du temps pris à leurs activités habituelles. Si de telles personnes étaient plus nombreuses en Suisse, l'on n'en serait pas à voir un « cinéma national » vivoter en marge de la société, ignoré ou ridiculisé par certains qui ne prennent même pas la peine de voir de quoi ce cinéma-là est fait.
Pourtant, et l'expérience de cette année l'a démontré, cette organisation est à double tranchant : en ayant souligné ses mérites, force nous est d'en constater ses faiblesses. A un certain niveau, l'amateurisme — au bon sens du terme — n'est plus acceptable. Une entreprise aussi dense qu'un festival de