Édition du samedi 17 et du dimanche 18 septembre 2005 (suite)

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The Montreal selection team (2005)

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This article also mentions that the relations between Alain Simard, President and General Director of the event as well as head of l'Equipe Spectra and Moritz de Hadeln were not at the best, following differences of opinion on the future dates of the event and its profile. It quotes de Hadeln in stating that such an event should have a press office knowing the specific requirements needed by a film festival and that the organization remained confusing with far more people in charge of the "red carpet" than of the programme itself. After reminding that it takes three to four years and not only five months to established a new festival, de Hadeln is quoted wishing that SODEC and Telefilm Canada - which jointly took the initiative to create this new festival - should now seriously step in to put some order in the Montreal festival situation, a wish that the author of this article doubts will be followed.

The festival was finally not the disaster some predicted or pretend it was, but the public attendance remained scarce. The wrong dates of the event, the saturation of film events in Montreal, the lack of a proper promotion and press policy, the many organisation errors and a rather hostile press did not help, in spite of the many world and international premieres in the programme and a prestigious jury chaired by Claude Lelouch. 

Most of these problems were pinpointed in an official report cured by Bernard Boucher on behalf of the SODEC and published on January 6, 2006. But already at the end of October 2005, l'Equipe Spectra had pulled out of the "Regroupement pour un Festival de cinéma à Montreal Inc.", the juridical framework it had created for the event and on April 25, 2006 the latter declared being unable to pay its debts with a deficit of over a million dollars, and sought the help of a Trustee for bankruptcy.

Meanwhile it was discovered that this group should never have been selected by SODEC and Telefilm Canada to organize this new festival, as an alternative project had retained far more the favours of their own experts. For weeks on end this last spring 2006, the local press became filled with articles on what they now nicknamed the "Montreal Film Festival Saga".


(The above English explanation was not a part of the article published in "Le Devoir")
Autre hic : entre Moritz de Hadeln et Alain Simard, de l'Équipe Spectra, ci-devant directeur du FIFM le torchon brûle. Les deux hommes se montrent en désaccord sur l'esprit à donner à leur événement et sur les dates du FIFM 2006. Alain Simard souhaite une manifestation estivale très festive alors que Moritz de Hadeln vaudrait donner au FIFM une vocation à la fois cinéphilique et commerciale, dans l'esprit du Festival de Berlin mais adapté à Montréal. Il entend développer des axes naturels pour les films : un volet francophone important et une forte sélection d'oeuvres en provenance d'Amérique latine. Moritz de Hadeln préférerait que le FIFM se déroule I'automne et persiste à rêver d'une union avec le FNC de Chamberlan.

«Même si la période fin août-début septembre n'était pas réquisitionnée par Serge Losique avec Ie FFM, adopter ses dates serait hériter de la position intenable entre Venise et Toronto. Par ailleurs, il faut savoir ce que I'on veut pour Ie FIFM. Un festival international reconnu à I'étranger ou une grande animation populaire ? À l'heure actuelle, plusieurs modèles ont I'air de se chevaucher... »

Moritz de Hadeln espère que les institutions trancheront quant aux dates du FIFM et à sa mission. Bonne chance !

Pour cette mouture 2005, concoctée à la hâte, Ie programmateur en chef demande à être jugé sur le contenu et non selon le contexte houleux de sa mise au monde. «II faut quatre ans pour bâtir un festival de films, et on a eu à peine six mois... »

Conscient de se positionner dans le calendrier des festivals de films après Venise et Toronto, il avoue avoir récolté cette année certaines oeuvres un peu fragiles mais qui trouveront un cadre pour s'épanouir. Moritz de Hadeln se dit satisfait d'une bonne partie de sa programmation, dont Ie film d'ouverture Les Poupées russes de Cédric Klapisch. Ça ne I'empêche pas d'estimer qu'il y a désorganisation en la demeure.

Frais débarqué du Festival de Toronto, iI s'avouait cette semaine impressionné par la taille, l'éclat de I'événement et la solidité de sa programmation. «Ceux qui cherchent à battre Toronto avec Montréal sont un peu naïfs... »

À ses yeux, la présence de plusieurs responsables au FIFM rend la conduite du navire difficile. II voudrait avoir les coudées franches pour la programmation, aurait souhaite une équipe de presse indépendante hors du giron Spectra. «Le cinéma est un secteur particulier dans I'univers des festivals culturels, rappelle-t-il. Pour l'heure, au FIFM, le nombre des personnes occupées à des histoires de tapis rouges est inversement proportionnel à celles qui sont affectées à la programmation. [...] Bien sûr, Spectra va chercher des commanditaires, mais la machine occupe trop de place.»

Précisons que ce n'est pas la ruée sur les ventes de billets pour les films du FIFM comte tenu de I'amas de festivals. Le catalogue n'a été disponible que jeudi et Ie programme l'a été à peine plus tôt. Par ailleurs, plusieurs festivaliers déplorent qu'il n'existe pas de cartes d'accès pour Ie public au FIFM. Moritz de Hadeln se dit conscient des ratés, rappelle que tout s'est fait à la hâte.
Du côtè de la programmation, iI a choisi au FIFM de mettre I'accent sur des primeurs, ce qui exclut des films présentés à Venise, Toronto et autres rendez-vous internationaux antérieurs.

Avec exception cette année pour des oeuvres canadiennes : les films d'Egoyan et de Cronenberg, lancés à Cannes, puis à Toronto, se sont ajoutés à sa liste.

Quant au reste, des distributeurs québécois se disent déçus d"être réduits à donner leurs films au Festival du nouveau cinéma en octobre, lequel ne s'occupe pas d'avoir des primeurs. Ironie du sort: Ie FIFM est une créature du milieu. Les distributeurs siègent à ses divers conseils. Christian Larouche, de Christal Films, précise qu'il s'agit d'une année particulière puisque cette première tenue du FIFM se déroule après la manifestation de Toronto, devenue incontournable.

«C'est une décision d'affaires de lancer des films à Toronto, reconnaît Moritz de Hadeln. Si un distributeur nous appuie, c'est donnant, donnant. On ne lui offre pas assez à I'heure actuelle. 75 journalistes de la presse étrangère sont attendus au FIFM. Ils sont 800 à Toronto.. Il faut s'établir.»

Autre phénomène : avec cette crise des festivals en confusion, certains distributeurs québécois choisissent de sortir leurs films sans la tribune des rendez-vous. Les oeuvres prennent l'affiche au milieu de tout ça. Louis Dussault, de K-Films Amérique, avait lancé au Festival de Locarno La Neuvaine du Québécois Bernard Émond, oeuvre vainement réclamée par les trois rendez-vous montréalais. Le film a ensuite gagné nos écrans, hors festivals locaux. Familia de Louise Archambault a transité par Toronto mais sortait hier chez nous sans appui festivalier.

Pour tout dire, certains distributeurs s'arrachent les cheveux : «70 % des recettes d'un distributeur se font I'automne, précise Louis Dussault. Les festivals occupent tout l'espace. Ça nuit aux films.»

Moritz de Hadeln le répète : «Il faut régler ce bordel d'ici 2006. Il faut aussi s'entendre sur la nature et les dates du prochain FIFM.» Le délégué à la programmation offre même des pistes de solution inusitées : par exemple, subventionner la trentième tenue du FFM de Serge Losique en lui demandant de quitter la piste après coup, quitte à lui laisser toute la place en 2006, sans faire de FIFM.

L'attachée de presse de Line Beauchamp, ministre de la Culture, a rappelé hier la décision politique de ne plus subventionner le FFM de Serge Losique, ajoutant que rien ne peut empêcher ce dernier de tenir sa manifestation pour autant. Quant au Festival du nouveau cinéma, il occuperait, selon la ministre de la Culture, un créneau particulier, qui ne fait pas d'ombre au FIFM.

Du côté de Téléfilm, on déclarait que la forme du bilan de cette crise reste à déterminer et que I'institution suivra le cours des événements avant de se prononcer.

Allez chasser l'impression que l'intervention musclée politique dont rêve Moritz de Hadeln n'est pas pour demain...

© 2005 Odile Tremblay & Le Devoir