Du côtè de la programmation, iI a choisi au FIFM de mettre I'accent sur des primeurs, ce qui exclut des films présentés à Venise, Toronto et autres rendez-vous internationaux antérieurs.
Avec exception cette année pour des oeuvres canadiennes : les films d'Egoyan et de Cronenberg, lancés à Cannes, puis à Toronto, se sont ajoutés à sa liste.
Quant au reste, des distributeurs québécois se disent déçus d"être réduits à donner leurs films au Festival du nouveau cinéma en octobre, lequel ne s'occupe pas d'avoir des primeurs. Ironie du sort: Ie FIFM est une créature du milieu. Les distributeurs siègent à ses divers conseils. Christian Larouche, de Christal Films, précise qu'il s'agit d'une année particulière puisque cette première tenue du FIFM se déroule après la manifestation de Toronto, devenue incontournable.
«C'est une décision d'affaires de lancer des films à Toronto, reconnaît Moritz de Hadeln. Si un distributeur nous appuie, c'est donnant, donnant. On ne lui offre pas assez à I'heure actuelle. 75 journalistes de la presse étrangère sont attendus au FIFM. Ils sont 800 à Toronto.. Il faut s'établir.»
Autre phénomène : avec cette crise des festivals en confusion, certains distributeurs québécois choisissent de sortir leurs films sans la tribune des rendez-vous. Les oeuvres prennent l'affiche au milieu de tout ça. Louis Dussault, de K-Films Amérique, avait lancé au Festival de Locarno La Neuvaine du Québécois Bernard Émond, oeuvre vainement réclamée par les trois rendez-vous montréalais. Le film a ensuite gagné nos écrans, hors festivals locaux. Familia de Louise Archambault a transité par Toronto mais sortait hier chez nous sans appui festivalier.
Pour tout dire, certains distributeurs s'arrachent les cheveux : «70 % des recettes d'un distributeur se font I'automne, précise Louis Dussault. Les festivals occupent tout l'espace. Ça nuit aux films.»
Moritz de Hadeln le répète : «Il faut régler ce bordel d'ici 2006. Il faut aussi s'entendre sur la nature et les dates du prochain FIFM.» Le délégué à la programmation offre même des pistes de solution inusitées : par exemple, subventionner la trentième tenue du FFM de Serge Losique en lui demandant de quitter la piste après coup, quitte à lui laisser toute la place en 2006, sans faire de FIFM.
L'attachée de presse de Line Beauchamp, ministre de la Culture, a rappelé hier la décision politique de ne plus subventionner le FFM de Serge Losique, ajoutant que rien ne peut empêcher ce dernier de tenir sa manifestation pour autant. Quant au Festival du nouveau cinéma, il occuperait, selon la ministre de la Culture, un créneau particulier, qui ne fait pas d'ombre au FIFM.
Du côté de Téléfilm, on déclarait que la forme du bilan de cette crise reste à déterminer et que I'institution suivra le cours des événements avant de se prononcer.
Allez chasser l'impression que l'intervention musclée politique dont rêve Moritz de Hadeln n'est pas pour demain...
© 2005 Odile Tremblay & Le Devoir