Alexandra de Hadeln - Balaceano (1911-1977)
Ébauche d’une biographie
“Les voiliers strient le lac et y tracent un sillage sombre... quelqu’un a passé par là.
Veuille qu’ainsi ta vie laisse ta trace de par le monde.”
(Alexandra Balaceano, Territet le 6 mai 1931)
1911, 3 mars
3 mars ou le18 février, selon le calendrier julien: naissance à Bucarest de Alexandra Eugénia Sclia-Balaceano, deuxième fille de Jean Sclia (+1918), ingénieur, et de Marguerite Eugénia Balaceano (1883-1971) de Scaeni, fille unique de Pierre Balaceano, propriétaire terrien et juge au Tribunal de grande instance de Ploesti et d'Hélène Popovici, d'une famille de Brasov. Par sa mère donc, sa famille descend d’une lignée princière, les Cretulescu, les Filitti et Popovici... Selon des recherches plus récentes faites par le professeur Constantin Balaceano-Stolnici, la famille remonterait même jusqu’à Vlad le Moine (1452-1495), demi-frère du prince Dracula... Un des plus célèbres Balaceano, Constantin, préfet, ministre des affaires étrangères, ami de Napoléon III, est mort à Nice vers 1910.
Alexandra, sa vie durant restera jalouse de sa sœur aînée Yvonne (1908-1978) - femme brillante et choyée, une des rares à l’époque à être diplômée de l'École Libre des Sciences Politiques de Paris (1930) - car Alexandra était persuadée, à tort sans doute, de n’être née - comme elle l’affirmait souvent - “que par accident”. Ses parents se séparèrent peu après sa naissance, en 1912. Marguerite, sa mère, avait elle-même peint des natures mortes et l’on dit qu’elle avait même donné un concert de piano à Dresde alors qu’elle y était en pension (1901 à 1904). Les talents d’artiste ne manquaient pas dans sa famille. Par exemple, ses cousines Anghel, filles d’un sculpteur, étaient à une époque cantatrices à l’Opéra de Monte-Carlo.
1916, 6 décembre
Après l’effondrement du front roumain à Vulcan , Szurduk (Surduc) et à Tirgu Jiu en novembre, l’armée allemande entre à Bucarest. Tandis que l’armée roumaine met le feu aux puits de pétrole pour qu’ils ne tombent pas entre les mains de l’ennemi, la famille royale et les autres familles dites “de sang royal” prennent refuge en Moldavie et le gouvernement s’installe à Jassy. Les Balaceano seront bientôt en route, comme bien d’autres, pour la France et s’établiront à Aix-les-Bains. La famille vivra un certain temps dans l’aisance en France grâce aux redevances pétrolières provenant de sa propriété en Roumanie.
1918-1928
Alexandra Balaceano, plus connue des amis comme Didi, passe son enfance en France entre Aix-les-Bains et Chambéry. L’on retrouve brièvement ses traces dans un pensionnat de jeunes filles, L'École du Sacré Cœur à Lyon, ensemble avec sa sœur aînée Yvonne puis au Lycée Victor Duruy à Paris. Mais elle passe son baccalauréat français vraisemblablement à Chambéry, avant d’entrer à l'École Nationale des Beaux-Arts à Lyon. Elle y travaillera avec le graveur André Jaques.
1930-1933
Durant cette époque, grâce à M. H. Mermoz, propriétaire du Grand Hôtel d’Albion, le Palais des Alpes d’Aix-les-Bains et ami de la famille, elle reçoit sa première “commande” pour réaliser 22 toiles, certaines de grandes dimensions, pour décorer la salle à manger, le salon et le fumoir de l’hôtel. L’hôtel sera détruit par un incendie quelques années plus tard lors de sa réfection.
1931-1932
Voyage en famille en Suisse. Du 1er mai à juin, elle fera un bref séjour au pensionnat à l’Institut Fisher au Château d’Arvel à Territet-Montreux où elle sera photographiée en train de peindre entourée par sa famille. Les deux sœurs consultent à Genève une voyante, Mme Hotz, qui livre à chacune une prédiction écrite longue de 14 pages manuscrites.
Elle lui prédit un avenir mouvementé. Alexandra était, comme beaucoup de Roumaines, assez superstitieuse. Durant l’année 1931, Alexandra tiendra un journal intime où abondent des réflexions sur la vie, l’homme - avec un grand “H”, l’amour. On la sent seule: “Si je suis seule, seule à jamais, pourquoi m’encombrer de tous les êtres falots et transparents qui ondulent à travers le monde. Ils ont lancé au travers de ma route un filet d’opinions aux mailles si serrées que personne ne glisse au travers. Mais je saurai le craquer de mes nerfs tendus à bloc. Je n’aime pas les hommes, j’aime l’Homme.” Elle quittera Territet-Montreux pour Ostende (20 juillet), puis Bruxelles (6 août) et enfin Paris (7 août) ou elle découvre au Louvre les Arts égyptien et indien. Le 23 janvier 1932, toujours en famille, elle part pour Londres, puis pour Florence avant de retourner à Paris.
1932-1933
Alexandra Balaceano est étudiante à Paris à l'École du Louvre. Elle fréquente les cours de la Grande Chaumière, et devient l’élève d’André Lhote. Le 24 août 1933, Alexandra obtient son permis de conduire. Il sera validé par un permis italien le 5 mars 1937.
1933, 21 avril
Voyage en Italie, suivi d’un second le 18 octobre. C’est au cours de l’un de ces voyages en 1932 ou 1933 qu’elle connaîtra son futur mari, Harry Hudson-von Hadeln né à West Hartlepool (Yorkshire) en 1907, fils adoptif de l’historien d’art allemand Detlev Freiherr von Hadeln. Une dense correspondance entre eux témoigne d’un amour passionné. De 1933 date la sculpture en bronze du buste de Harry.
Plusieurs voyages en Italie se succéderont: le 4 janvier 1934, le 4 avril 1934 puis le 26 juillet 1934. Le 22 octobre 1934 elle part pour Londres rejoindre son fiancé. Elle s’inscrit au Slade School et devient l’élève du sculpteur Charles Wheeler.
1934, 5 au 30 décembre
Avec l’aide notamment du diplomate roumain Georges Caranfil, elle réalise sa première exposition individuelle de 6 sculptures au “Leger Gallery” à Londres.
1935-1939
Alexandra expose des sculptures à l’Académie Royale de Sculpture à Londres et participe également au Salon d’Automne à Paris.
1935, 8 mai
Nouveau voyage à Florence, suite à la mort du père de son fiancé, Detlev Freiherr von Hadeln, suivi d’un second voyage le 5 septembre. Le 30 octobre 1935, mariage civil à la mairie d’Aix-les-Bains d’Alexandra et Harry. Le mariage religieux sera célébré peu après en la Cathédrale orthodoxe russe de Genève.
1936, 22 août
Naissance à Florence de son premier enfant, Maurizio von Hadeln qui meurt après cinq jours.
1935-1939
Alexandra apprend l’équitation et reçoit en cadeau de son mari un cheval, baptisé “Panurge”. Elle participera à divers concours hippiques, dont celui de Bucarest en 1937 - son dernier voyage en Roumanie. Elle est élève de l’Académie des Beaux-Arts de Florence et suit les cours du peintre et sculpteur florentin Italo Griselli (1880-1958). Elle réalise à Florence plusieurs sculptures, dont deux de dimensions monumentales, un cavalier et un crucifix. En même temps, elle réalise une série de portraits.